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MU 360 Vol.03 N.01 | Mission universitaire et COVID-19 : un soutien transversal essentiel

Consultez la version PDF de ce numéro du MU360.

En ce début d’année 2021, il nous semblait incontournable de dresser un portrait des activités de la mission universitaire du CCSMTL en lien avec la COVID-19. Les équipes de la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche (DEUR) ont œuvré sur plusieurs fronts pour soutenir les établissements de santé et de services sociaux ainsi que les communautés, avec une attention particulière au soutien des équipes du CCSMTL.

D’abord, plusieurs employés de la DEUR ont prêté main-forte directement sur le terrain, car le manque de main-d’oeuvre était un enjeu criant. Par exemple, des membres de l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM) ont soutenu les patients et les équipes de soins de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal, un retour aux sources pour plusieurs d’entre eux. Une équipe multi-directions menée par la DEUR a organisé la formation de tout le personnel en renfort dans les CHSLD ainsi que le recrutement et les stages des près de 1000 préposés aux bénéficiaires inscrits au programme gouvernemental : une tâche cruciale ettitanesque accomplie en un temps record.

Parallèlement, d’autres membres de la DEUR réorientaient leur offre de services pour répondre aux besoins d’information des gestionnaires et des cliniciens. Une veille informationnelle a été développée en quelques jours et aborde entre autres la prévention et le contrôle des infections, la maladie comme telle et les nouvelles façons d’intervenir à distance. Cette veille a d’ailleurs été reconnue par le conseil multidisciplinaire comme un des bons coups de la pandémie de la part de la DEUR. Un service de Questions-Réponses en 72 heures a également été offert et très apprécié des équipes. 

Enfin, d’autres équipes veillaient à maintenir les activités essentielles de la DEUR. Elles ont rapidement lancé de nouveaux projets de recherche ou adapté des projets existants afin de soutenir la pratique, développer des connaissances et des stratégies pour intervenir auprès de différentes clientèles. Il importe de documenter les retombées de cette période unique sur le parcours des personnes les plus vulnérables. Le Bureau d'évaluation des projets de recherche a analysé 56 nouveaux projets de recherche et 87 demandes de modification entre mars et septembre. De son côté, l’équipe Enseignement et Stages a coordonné la gestion des stagiaires avec les partenaires académiques. Si la vaste majorité des stages ont été annulés durant la première vague, il importait que les étudiants soient de retour dans les milieux cliniques de façon sécuritaire à l’automne 2020. Pari réussi : 2 000 étudiants étaient présents en nos murs de septembre à décembre, afin d’assurer la formation de la relève de la main d’œuvre.   

Ce numéro rapporte quelques-uns de ces projets spéciaux et initiatives uniques qui ont marqué l’année 2020 de la mission universitaire du CCSMTL. 

Bonne lecture!

Jacques Couillard, président et directeur général adjoint, CCSMTL 

Annie-Kim Gilbert, Ph. D., directrice de l'enseignement universitaire et de la recherche, CCSMTL

Soutenir les personnes âgées

« Confinés, ensemble » : mieux comprendre la perspective des aînés

Au début de la pandémie, un groupe de professeurs de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (UdeM), dont plusieurs sont chercheurs au Centre de recherche en santé publique (CReSP), ont ressenti le besoin de contribuer de façon concrète à la recherche sur la COVID-19. Rapidement leur est venue l’idée de démarrer un projet de recherche-action ayant comme sujet la santé mentale des personnes âgées qui étaient, à ce moment-là, au cœur de la crise et de tous les débats. Le fait que les aînés soient décrits dans les médias de façon négative et stigmatisante a poussé l’équipe de chercheurs, dont fait partie Olivier Ferlatte, chercheur au CReSP et professeur à l’École de santé publique de l’UdeM, à vouloir connaître la perspective des aînés, comprendre comment ils vivent le confinement et quel est l’impact réel de la pandémie sur la santé mentale de cette tranche de la population québécoise.

L’équipe de recherche a proposé à une trentaine de personnes âgées de 60 ans et plus de photographier leur expérience de confinement dans le but de décrire comment ils voyaient et vivaient la crise sociosanitaire. « Il y a beaucoup de stigmatisation envers les aînés en général, surtout depuis le début de la pandémie. Toutefois, les photos prises dans le cadre de ce projet illustrent à quel point les aînés peuvent être résilients et créatifs dans leur façon de gérer plusieurs aspects de la crise », affirme Olivier Ferlatte. 

Photographier pour mieux se raconter

Les chercheurs ont ensuite formé de petits groupes de discussion sur Zoom, rassemblant tout au plus cinq participants, où ils leur ont demandé de présenter leurs photographies et de raconter leur vécu. Au-delà de la recherche, ces discussions virtuelles ont permis aux aînés de briser l’isolement causé par le confinement et d’échanger des trucs afin de survivre à cette crise sans précédent.

Les entretiens se sont déroulés de mai à novembre 2020. L’équipe de recherche analyse actuellement les données qualitatives récoltées lors de ces discussions de groupe afin de faire ressortir des constats sur le vécu des aînés et leurs perspectives par rapport au confinement et à la pandémie.

Olivier Ferlatte et son équipe travailleront ensuite avec la Direction régionale de santé publique (DRSP) afin de partager les résultats de leurs analyses avec les décideurs et les intervenants pour mieux les orienter dans la suite des choses : « On espère qu’avec ce projet nous contribuerons à briser la stigmatisation envers les aînés et que nos informations seront utiles pour le déploiement de services plus adaptés pour les aînés qui en auraient besoin dans un contexte comme celui que nous vivons actuellement », conclut Olivier Ferlatte.

Pour plus d’information

Une exposition virtuelle des photographies est en ligne au https://confinesensemble.ca/

Une application pour contrer l’isolement des aînés en CHSLD

COMPAs est une application développée pour favoriser la communication avec des personnes présentant un trouble neurocognitif majeur ou toute autre barrière de communication. Grâce à cette application qui regroupe des images, de la musique et des vidéos de moments marquants de leur vie, des proches et du personnel de soins parviennent à entrer en contact avec des aînés.

Stimuler la communication émotionnelle

Les proches peuvent personnaliser le profil d’utilisateur en téléchargeant sur la plateforme sécurisée des éléments audiovisuels (photos et chansons préférées) significatifs pour la personne atteinte et profiter d’une bibliothèque de contenu suggéré ajoutée automatiquement à la création de l’espace COMPAs sur la tablette. Le but est de stimuler la communication émotionnelle, axée sur des échanges positifs et significatifs, afin d’entrer en contact avec la personne, l’animer ou l’apaiser. Les intervenants et les proches peuvent aussi laisser des notes après chaque séance COMPAs, afin de documenter les réussites et l’évolution de la communication avec la personne atteinte, ce qui contribue à la cohésion des équipes.

L’application COMPAs fait l’objet de tests et de développements depuis quelques années auprès de préposés aux bénéficiaires (PAB) et de proches aidants de résidents en CHSLD. Les résultats sont concluants. « Le personnel rapporte par exemple que les aînés sont plus calmes lors des soins d’hygiène. La communication au plan émotionnel, via l’évocation de souvenirs agréables, permet des échanges verbaux et non verbaux, axés sur autre chose que sur la maladie ou le soin à venir. Les émotions placent tout le monde sur un pied d’égalité », résume Ana Inés Ansaldo, chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal et professeure à l’Université de Montréal. 

Réaction à la crise

La première vague de la COVID-19 est venue arrêter tous les projets en cours dans les CHSLD. Apprenant la nouvelle à la radio, la chercheuse n’a fait ni une ni deux : « Je voulais absolument faire quelque chose pour les personnes âgées en CHSLD! », se rappelle la chercheuse Ana Inés Ansaldo.

Dans le contexte de la COVID-19, COMPAs s’avère plus à propos que jamais. Puisqu’elle peut être jumelée avec l’application de vidéoconférence Zoom, l’application s’adapte très bien au contexte d’isolement physique imposé par la pandémie. Dès avril 2020, retirant son chapeau de chercheuse, la chercheuse et son équipe ont commencé des démarches avec deux CHSLD afin de discuter des réalités imposées par la pandémie. L’équipe a formé quatre techniciens aux loisirs du CCSMTL, rapatriés en CHSLD pour prêter main-forte aux équipes déjà présentes. Le CCSMTL a fourni des tablettes pour un grand nombre de résidents, et COMPAs s’est retrouvé sur le terrain rapidement.

Dès juillet 2020, un grand nombre de résidents à travers le CCSMTL ainsi que leurs proches ont pu bénéficier du programme COMPAs de 15 semaines et poursuivre son utilisation au quotidien. Les résultats préliminaires de cette étude sont très encourageants, car ils démontrent que, malgré l’isolement physique, il est possible de garder un lien social significatif entre des résidents et leurs aidants professionnels et naturels, grâce au partage d’émotions positives et à l’utilisation de stratégies de communication adéquates, proposées dans COMPAs. 

L’intelligence artificielle pour aller plus loin…

Le 6 novembre 2020, Ana Inés Ansaldo a obtenu une importante subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) pour développer un projet utilisant l’intelligence artificielle visant à comprendre les éléments clés de la communication émotionnelle et centrée sur la personne, en utilisant des extraits audiovisuels. Ce programme permettra de créer une banque d’extraits audiovisuels, qui sera par la suite accessible aux chercheurs et aux intervenants en CHSLD. Ces extraits audiovisuels pourront ensuite être utilisés via COMPAs. 

Pour plus d’information

Des tutoriels d’utilisation de COMPAs sont disponibles ici : www.laboansaldo.com/compas.html

Les aînés ont un meilleur moral qu’on pensait

Une nouvelle étude du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal démontre que la majorité des aînés ont gardé le moral mieux qu’on le craignait durant la première vague de la COVID-19. Les psychologues-chercheurs Sébastien Grenier et Jean-Philippe Gouin se sont alliés à plusieurs collègues pour étudier la santé mentale de quelque 500 aînés depuis avril 2020. L’étude se poursuit, mais les premières analyses peuvent surprendre. Alors que les personnes de plus de 70 ans ont vécu un confinement sévère au printemps, qu’elles étaient plus à risque de complications et que 90 % des décès de la COVID-19 touchaient ce groupe d’âge, le moral des aînés questionnés semble avoir tenu le coup. « Nos différentes analyses démontrent qu’entre 70 et 80 % des personnes interrogées ne présentaient aucune détresse psychologique significative. Nous avons été surpris, mais plusieurs études internationales convergent en ce sens », explique Sébastien Grenier, professeur à l’Université de Montréal.

Pourquoi sont-ils aussi résilients?

Quelques pistes sont suggérées par la recherche pour expliquer cette résilience des aînés. Leur longue expérience de vie pourrait être un atout pour eux : ils en ont vu d’autres. Le psychologue-chercheur tente des explications : « Peut-être que leur mode de vie a été moins atteint que les jeunes travailleurs et les parents de jeunes enfants, par exemple. De plus, des études soulignent que les aînés savent mieux apprécier les éléments positifs de leur vie comparativement aux adultes plus jeunes. » Il est donc possible que malgré les dangers du virus, ils accordent plus d’importance à ce qui va bien dans leur vie. Et pour ceux qui vont moins bien, le sentiment de solitude est un des facteurs significativement associés à une détresse psychologique élevée. Le psychologue espère que cette étude favorisera des retombées cliniques comme la mise en place de mesures pour réduire la solitude des aînés. 

Réagir rapidement

Les chercheurs ont pu lancer ce projet de recherche rapidement parce qu’ils ont utilisé trois banques de participants bien établies au Québec. La santé mentale de ces candidats est suivie depuis quelques années avec des questionnaires éprouvés – les mêmes qui ont été utilisés pour l’étude actuelle. Les résultats obtenus pendant la pandémie pourront donc être comparés à ceux d’avant la pandémie et validés scientifiquement. Les aînés ont été interrogés à trois reprises jusqu’à présent : au cœur de la première vague et du confinement (d’avril à la fin juin), durant le déconfinement de l’été (de juillet à la mi-août) et durant la deuxième vague (de la mi-août à la fin-octobre). Les analyses se poursuivent pour constater l’évolution de la santé mentale des aînés au fil du temps. 


À votre agenda!

Le Centre AvantÂge présentera une conférence de Sébastien Grenier et Jean-Philippe Gouin le 17 juin 2021 à propos de cette recherche : www.centreavantage.ca

Des étudiants au grand coeur

En mars 2020, quelque 800 des 1200 stagiaires (excluant médecins, dentistes et pharmaciens) au CCSMTL ont vu leur stage annulé ou interrompu au moment où le réseau de la santé et des services sociaux faisait face à un besoin criant de main-d’œuvre. À l’initiative de sa Faculté de médecine et de la volonté exprimée par ses étudiants, l’Université de Montréal a créé un stage volontaire pouvant être crédité pour certains, afin de prêter main-forte aux CHSLD. Plus d’une trentaine d’étudiants ont répondu à l’appel, certains se sont fait embaucher comme aide de service, et d’autres ont choisi l’option bénévole et ont surtout soutenu la communication entre les résidents et leurs proches.

Adapter l'enseignement

Poursuivre sa formation en période de crise : la réalité des médecins résidents de Verdun

À la fois médecins en formation et employés du CCSMTL offrant un service essentiel, les médecins résidents sont demeurés en poste depuis mars 2020. Le défi de leurs milieux d’accueil : assurer leur sécurité, leur bien-être psychologique et la qualité de leurs apprentissages dans ce contexte bien particulier. Pour mieux comprendre cette réalité, nous rencontrons le Dr Nicholas Pinto, codirecteur local de programme au groupe de médecine familiale universitaire (GMF-U) de Verdun, un mandat qu’il partage avec Dre Catherine Turcot. Chaque année, ce GMF-U accueille 13 résidents de première année et 13 de deuxième année.

Assurer l’exposition aux patients

D’emblée, le défi habituel d’assurer une formation adéquate et répondant aux standards obligatoires a été accentué par la pandémie. En effet, la nécessité d’exposer le résident à plusieurs patients s’est vue contrecarrée par l’interdiction de visites à la clinique. « L’apprentissage de la télémédecine est un atout intéressant à leur parcours, car elle sera là pour rester. Mais le contact en présence avec un patient ne se remplace pas : elle fournit plusieurs informations que l’étudiant doit apprendre à détecter », explique Dr Pinto.

Les résidents qui en étaient à leur deuxième année de formation avaient déjà eu la chance de voir des patients en 2019, soit avant la pandémie. Par contre, les résidents qui débutaient leur résidence le 1er juillet 2020 entraient de plein pied dans ce contexte contraignant. Il importait de maintenir leur exposition aux patients, soit en priorisant des visites sur place pour les patients qui l’acceptaient, et en pratiquant à la clinique de dépistage et d’évaluation de la COVID.

S’adapter, nécessairement

Comme partout dans le réseau de la santé et des services sociaux, « adaptation » est devenu le mot-clé de l’équipe du GMF-U. Par exemple, le délai requis pour demander des vacances a été écourté, dans le but de veiller à la santé mentale des résidents. « Il s’agit d’un véritable défi que nous avons relevé en équipe! De jour en jour, nous devions réagir aux absences, aux maladies, aux nouvelles règles sanitaires : de véritables casse-tête administratifs… tout en gardant à l’esprit que les résidents devaient recevoir une formation pertinente », résume Dr Pinto.

Et les résidents eux-mêmes, comment s’en sortent-ils? « Nous sommes très fiers d’eux! Ils demeurent très engagés. Plusieurs sont allés pratiquer de façon volontaire dans des CHSLD locaux. Ils comprennent que leur résidence se déroule dans une période exceptionnelle et ils s’y adaptent pour en tirer tous les apprentissages qu’ils peuvent », conclut Nicholas Pinto.

La magie du montage photo permet de rassembler le groupe de résidents 2019-2020.

Les stages s’adaptent au mode « télé »

Dans le contexte de pandémie, la télépratique a rapidement été privilégiée dans les situations où il est nécessaire de poursuivre la prestation de services et que l’intervention en présence n’est pas indiquée. Dans ce cadre, les stagiaires ont eux aussi dû apprendre les réalités de cette approche.

C’est pourquoi l’équipe enseignement-stages (ÉES) de la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche a sollicité la Direction des services multisciplinaires (DSM) pour que les stagiaires aient accès à la même formation à la télépratique offerte aux professionnels en poste. Une initiative appréciée pour adapter la formation des étudiants!

La collaboration entre les deux directions se poursuivra à l’hiver 2021 par le développement d’une formation destinée aux superviseurs de stage, pour les sensibiliser aux défis et aux avantages de la supervision à distance, la télésupervision. Une capsule à cet effet, réalisée par l’ÉES, sera disponible sous peu.

Cette préoccupation rejoint celle du Comité de l’enseignement du Réseau universitaire intégré de santé et de services sociaux (RUISSS) de l’Université de Montréal qui a fait du développement et du partage de différents modèles de supervision de stage (télésupervision, co-supervision, etc.) l’une de ses priorités pour 2021.

Adapter la pratique

La télépratique, l’avenir de la consultation en réadaptation

Avec l’arrivée de la pandémie, la téléconsultation est en plein essor. Devenu le moyen le plus sécuritaire, le plus accessible et surtout, le plus rapide de communiquer avec leurs patients, les professionnels de la santé l’emploient dorénavant au quotidien.

Depuis 10 ans, Dahlia Kairy, chercheuse à l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM) et professeure à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal, s’intéresse particulièrement à l’évolution de la télépratique en réadaptation.

Avant la COVID-19, malgré les évaluations positives de la télépratique dans la littérature scientifique, la consultation à distance était peu pratiquée au Québec. Il était difficile d’intégrer cette approche dans les outils des intervenants bien que son efficacité auprès des usagers ait été démontrée.

Une solution accessible rapidement

Avec le confinement, de nombreux professionnels se sont tournés rapidement vers la télépratique afin de continuer à offrir leurs services. Cette solution leur permettait d’éviter les risques de déconditionnement physique, moteur et sensoriel de leurs usagers. En réponse à cette nouvelle réalité, les établissements ont réagi très vite aux besoins du terrain. Ils ont déployé des outils technologiques, ont clarifié les règlements et ont développé des guides pour les aider à se familiariser avec cette nouvelle façon de pratiquer.

Cette avancée fulgurante de l’utilisation de la télépratique a encouragé Mme Kairy et son équipe de recherche multi-universités à amorcer une étude pour documenter le recours aux soins à distance en réadaptation au Québec. Cette recherche collaborative, subventionnée par le Réseau provincial de recherche en adaptation-réadaptation, implique des acteurs majeurs du réseau de la santé et des services sociaux, des professionnels en cliniques privées, des gestionnaires et des usagers-partenaires. À l’aide de leurs témoignages, l’équipe de recherche étudiera les initiatives cliniques qui ont été mises en place, dans les différents milieux, depuis le premier confinement. Ils analyseront également tout ce qui reste à faire tel que : quels sont encore les obstacles à franchir? Quels outils pourraient être développés pour faciliter l’utilisation? Quels sont les moyens à mettre en place pour rendre cette pratique durable?

Préparer l’après-crise

« Maintenant que la téléréadaptation est adoptée dans les pratiques et implantée dans le quotidien des intervenants, il sera plus facile pour eux de continuer à l’utiliser post-COVID. Ainsi, par exemple, les usagers des régions éloignées, qui n’ont pas accès à des ressources de proximité ou à des soins spécialisés, pourront communiquer avec leur intervenant et être traités dans le confort de leur foyer », souligne Mme Kairy.

À terme, ce projet de recherche proposera des lignes directrices et des recommandations, basées sur des données probantes, pour optimiser les consultations en télépratique. Il proposera des guides et des outils pour adapter les approches de soins à distance. Cette étude durera plusieurs années, mais devant le grand intérêt de la communauté scientifique, des résultats préliminaires pourraient être disponibles dès le printemps 2021. En parallèle, Mme Kairy a présenté une demande aux Instituts de recherche en santé du Canada pour élargir le projet à l’échelle pancanadienne.
 

Documenter l’impact

Jeunes en difficulté : documenter l’impact et soutenir les intervenants

Au mois de mars 2020, les membres de l’Institut universitaire Jeunes en difficulté (IUJD) étaient tous occupés par de nombreux travaux pour la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs et le mandat ministériel sur la refonte des standards de pratiques, entre autres. L’annonce du confinement a eu un effet choc, car cela signifiait la mise sur pause de nombreux projets de recherche, de transfert de connaissances ainsi que de développement de pratiques de pointe auprès de jeunes très vulnérables.

Les équipes d’expertise et de recherche de l’IUJD ont rapidement réagi à la situation. Ils ont mis en place un plan d’actions avec deux objectifs principaux : soutenir les directions cliniques et documenter, sous l’angle de la pandémie, les sujets phare de leurs recherches.

Répondre aux besoins du terrain

En collaboration avec la Direction du programme jeunesse et la Direction de la protection de la jeunesse, une cueillette des besoins a été effectuée. Des consultations régulières sont organisées, encore à ce jour, avec les équipes cliniques sur le terrain. Ces rencontres virtuelles leur permettent d’obtenir un portrait en temps réel de l’impact de la pandémie auprès des jeunes et des intervenants qui les suivent.

À la suite de ces échanges, quatre projets de recherche ont été amorcés :

  • Portraits et trajectoires des enfants recevant des services de la protection de la jeunesse dans le contexte de la pandémie,
  • Portraits et trajectoire des adolescents recevant des services en vertu de la loi sur le système de justice pénal des adolescents en temps de COVID,
  • Cooccurrence de violence conjugale et violence envers les enfants en période de COVID-19,
  • Étude sur le bien-être psychologique des adolescents québécois en temps de pandémie.

En parallèle, l’IUJD publie depuis le mois de mai 2020 des outils concrets tels que le « Bulletin d’information COVID-19 ». Celui-ci est publié plusieurs fois par mois et rédigé par des professionnelles, parfois en collaboration avec des chercheurs. Ils ont pour but d’apporter un éclairage sur certaines situations ou problématiques qui touchent la jeunesse en difficulté en temps de pandémie. Il fournit aux intervenants des outils et des ressources pour les aider face aux nouvelles situations qu’ils rencontrent. De plus, des infographies, des guides et des capsules en lien avec la crise actuelle ont été développées.

Afin de rejoindre le plus de personnes possible en tout lieu et en tout temps, l’IUJD a mis en place une stratégie de communication axée sur le rayonnement numérique : en diffusant des infolettres fréquentes, en intégrant du nouveau contenu et des outils COVID sur une page dédiée de son site Web et en animant quotidiennement sa page Facebook.

« Les commentaires des intervenants prouvent qu’on répond à un besoin. D’ailleurs, notre page Facebook a bondi de 200 à 2500 abonnés », indique Martine Bouchard, chef de service à l’IUJD.

L’impact de la pandémie sur les jeux de hasard et d’argent en ligne au Québec

Avec la pandémie et le confinement, la participation aux jeux de hasard et d’argent en ligne a explosé. Les dépenses des joueurs ont considérablement augmenté. Pour beaucoup, les jeux en ligne sont devenus une nouvelle habitude causée par la fermeture des lieux physiques, alors que pour d’autres, le jeu en ligne est un remède pour faire face aux situations stressantes de la vie.

Sylvia Kairouz, chercheuse régulière à l’Institut universitaire sur les dépendances et professeure à l’Université Concordia, s’intéresse depuis de nombreuses années à la problématique des jeux de hasard et d’argent. Depuis 2012, elle est titulaire de la Chaire de recherche sur l’étude du jeu.

En septembre 2020, elle et son équipe ont obtenu une subvention du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) pour démarrer une étude longitudinale sur les habitudes de jeux en ligne sur fond de pandémie de la COVID-19. L’objectif du projet est de faire un portrait des pratiques des jeux de hasard et d’argent en ligne au Québec et d’analyser le vécu des joueurs et l’impact de la pandémie sur leurs habitudes.

Évaluer les résonnances de la pandémie

L’équipe de recherche prévoit faire un portrait populationnel des habitudes de jeux en ligne des Québécois et suivre l’évolution de ces habitudes de jeu en ligne sur une période de quatre ans. Ce projet mettra inévitablement l’accent sur la pandémie : « Nous voulons examiner l’impact qu’aura la pandémie sur une longue période. Faire une étude longitudinale permet de voir l’évolution des habitudes, non seulement au cœur de la crise, mais aussi dans les mois qui suivent et éventuellement lors d’un retour à la normale », précise la chercheuse Kairouz.

Les chercheurs recruteront un grand nombre de personnes afin d’obtenir un échantillon représentatif de la population du Québec. Ainsi, ils seront en mesure d’estimer combien de gens jouaient en ligne pendant la pandémie ou comment les habitudes de jeu ont évolué avec les périodes de déconfinement et de reconfinement, par exemple. Ce portrait populationnel est la première étape dans l’analyse approfondie des changements dus à la pandémie.

L’équipe de recherche mènera aussi des entrevues qualitatives avec certains des participants. Ils prendront le temps de les questionner périodiquement pour recueillir de l’information sur leur vécu afin de mieux comprendre comment les impacts de la pandémie sur les différentes sphères de leur vie, notamment personnelle et professionnelle, peuvent influencer leurs habitudes de jeu. Les premières données seront recueillies à l’hiver 2021 et la collecte se répètera tous les 6 mois, pendant 4 ans.

Sylvia Kairouz espère que ce projet apportera des informations nouvelles et riches à la recherche sur le jeu en ligne. Est-ce qu’on va revenir aux anciennes habitudes de jeu en ligne ou si la pandémie aura un effet de transformation plus durable ? Est-ce que les joueurs vont rester sur les plate-formes en ligne ou retourneront-ils dans des lieux physiques ? Les résultats de ce projet d’envergure apporteront assurément des éléments de réponse.

Initiatives inspirantes

Parkinson : un espace d’expression vocale virtuel

Au Québec, 2400 personnes reçoivent un diagnostic de maladie de Parkinson chaque année. Cette maladie neurodégénérative progressive et chronique se manifeste principalement par des troubles du mouvement.

Un des symptômes méconnus de cette maladie est le trouble de la communication. En effet, la voix étant une fonction cognitive et motrice, elle est affectée par la maladie de Parkinson. Les symptômes vocaux entraînés par la maladie de Parkinson s’ajoutent à ceux entraînés par le processus de vieillissement naturel et les deux processus s’alimentent mutuellement. Des thérapies orthophoniques existent pour améliorer ou ralentir les symptômes propres à la maladie de Parkinson, mais, durant la période d’attente pour avoir accès à ces services, la personne atteinte risque de se désengager des échanges sociaux où sa parole est nécessaire.

Ingrid Verduyckt est chercheuse à l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM) et professeure à l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’Université de Montréal. Spécialiste en réadaptation vocale et travaillant déjà sur des projets de recherche associés aux troubles de la communication et leur influence sur la participation sociale dans la maladie de Parkinson, Mme Verduyckt s’est montrée très sensible, dès le début de la pandémie, à l’isolement de ceux-ci et au manque d’opportunités de communication que le confinement risquait d’engendrer.

Combattre l’isolement et le manque de communication

Partant de cette préoccupation, elle a eu l’idée de proposer des séances en ligne de pratiques vocales. Élaboré en 3 jours avec l’aide de ses étudiants et la collaboration de Parkinson Québec, ce projet innovateur et basé sur des données probantes a été lancé le 19 avril 2020. Depuis, une cinquantaine de participants se retrouvent en ligne quotidiennement pour faire 30 minutes de pratique de la voix. Certains ont participé à près de la totalité des 130 séances qui ont eu lieu depuis!

L’activité est offerte gratuitement, en direct, sur le site Web de Parkinson Québec, via la plate-forme Zoom. Au programme, on retrouve des exercices de musculation de la voix et de stimulation de la parole dans une ambiance chaleureuse et ludique. L’animateur rappelle d’ailleurs à chaque séance qu’il ne s’agit pas d’une thérapie orthophonique. En effet, si les participants ressentent un inconfort vocal récurrent ou persistant, ils doivent prendre rendez-vous avec un orthophoniste qui saura évaluer leur voix et les conseiller sur les différentes démarches à entreprendre pour améliorer la situation.

« Ces ateliers ont permis de bâtir une communauté virtuelle et solidaire pour les participants, ainsi que de leur offrir un espace d’expression. Nous avons même créé un groupe sur Facebook où les membres partagent des trucs et astuces pour mieux communiquer », souligne Mme Verduyckt.

Cette initiative de la pandémie est là pour durer! Elle a d’ailleurs été rattachée au projet de recherche « Développement, implantation et études des retombées de capsules vidéo sur l’autonomisation des personnes vivant avec la maladie de Parkinson » qui se fera en partenariat avec Parkinson Québec et qui a reçu un financement du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MÉI) du Québec.

Unité d’isolement pour les personnes en situation d’itinérance - Une collaboration réussie entre deux équipes de recherche

Le contexte exceptionnel du printemps 2020 a appelé des réponses exceptionnelles… Comme, par exemple, la mise sur pied d’une unité d’isolement pour les personnes en situation d’itinérance au Pavillon Ross de l’ancien hôpital Royal-Victoria. Au bout du compte, plus de 80 personnes ayant reçu un diagnostic positif à la COVID-19 (mais ne nécessitant pas de soins médicaux hospitaliers) y ont séjourné un maximum de 14 jours, soit la durée de l’isolement requis.

Initié par la Dre Marie-Eve Goyer, cheffe médicale des continuums de services en dépendance et en itinérance au CCSMTL, et Élaine Polflit, coordonnatrice de la trajectoire clinique COVID en itinérance et dépendance, le projet a fait l’objet d’un projet de recherche conjoint de l’Institut universitaire sur les dépendances (IUD) et du Centre de recherche sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS). Il s’agit d’une collaboration réussie selon Guillaume Ouellet, chercheur d’établissement au CREMIS, et Yan Ferguson, professionnel de recherche à l’IUD. L’objectif était de documenter le développement de cette première unité d’isolement en vue de l’améliorer et de partager les composantes essentielles de son succès à d’autres régions.

Une collaboration interprofessionnelle enrichissante

« D’emblée, des approches et des valeurs communes favorisaient la collaboration entre les équipes comme, entre autres, la réduction des méfaits, le respect du droit des personnes et une soif pour les pratiques novatrices », explique Guillaume Ouellet. Après avoir établi de concert la démarche et la méthodologie à utiliser, les collaborateurs ont aussi mené les entrevues individuelles et de groupe de façon conjointe. « Cette collaboration interprofessionnelle a sans aucun doute enrichi le projet. Nos canevas d’entrevue reflétaient notre complémentarité et nous profitions des forces l’un de l’autre dans chaque étape du projet », souligne Yan Ferguson.

Les retombées seront également multipliées par l’association des deux équipes de recherche. L’analyse de la même situation sera multiaxiale et complémentaire, puisque le CREMIS et l’IUD joignent leurs intérêts de recherche. Les travaux en cours pointent entre autres vers les notions de pratique interprofessionnelle, la mise en parallèle de la médecine sociale préventive et l’accompagnement psychosocial et les pratiques cliniques expérimentées sur place (pharmacothérapie de remplacement, programme de gestion de l’alcool (programme wet) et approche de réduction des méfaits). De plus, la diffusion des résultats rejoindra deux réseaux de publics-cibles et de partenaires grâce à des plate-formes et des moyens de diffusion différents.

Satisfaits de leur expérience, Yan Ferguson et Guillaume Ouellet s’entendent sur un autre point : il ne s’agit probablement pas de la dernière collaboration entre les équipes!


Pour plus d’information

Les rapports de recherche seront déposés sur cremis.ca et dependanceitinerance.ca à partir de l’hiver 2021.

Séroprévalence

Séroprévalence chez les travailleurs de la santé : l’Hôpital de Verdun participe!

La pandémie de COVID-19 a énormément touché les travailleurs de la santé jusqu’à présent. Au Québec, ils étaient 25 % des cas déclarés lors de la première vague, dont un tiers travaillait en centre hospitalier (CH). Or, le nombre de cas de COVID-19 connus ne représente pas le nombre d’infections réelles, vu la proportion inconnue de cas asymptomatiques non diagnostiqués. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a mandaté l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour mener une étude de séroprévalence chez les travailleurs d’hôpitaux ayant accueilli des cas de COVID-19 afin de préciser la proportion de travailleurs qui ont été infectés à la suite de la première vague.

Ce projet multicentrique externe (projet de recherche se déroulant dans plus d’un établissement dont le chercheur principal n’est pas du CCSMTL) s’est déployé dans dix hôpitaux du Québec. La récolte des données, qui a eu lieu après la première vague, a visé quatre unités de soins par établissement : l’urgence, l’unité des soins intensifs, une unité de soins « chaude » COVID-19 et une unité de soins « froide » non COVID-19. Au total, un échantillon représentatif de 2056 travailleurs (médecins, infirmières, préposés aux bénéficiaires et préposés à l’hygiène et salubrité) ont participé à l’étude.

Participation du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

L’Hôpital de Verdun du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL) a été choisi parmi les dix hôpitaux participant à l’étude. « L’effort de recrutement a été impressionnant pour un petit établissement. Au total, 172 personnes de l’Hôpital de Verdun ont pris part à l’étude, ce qui représente un taux de participation élevé pour nous », affirme Anik Nolet, conseillère cadre en éthique de la recherche et responsable du bureau de l’évaluation des projets de recherche à la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche (DEUR).

Plusieurs directions du CCSMTL ont collaboré pour mener à bien ce projet de recherche médical à l’Hôpital de Verdun. La DEUR a participé à la mise en place du projet localement. Armelle Martin, de la DEUR, s’est occupée de la gestion administrative du recrutement et Ana-Maria Voinescu, de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, était l’infirmière responsable des prises de sang. Dr Magued Ishak, de la Direction des services professionnels, a été désigné chercheur local pour le projet. Catherine Dupont, de la Direction des soins infirmiers, était coordinatrice locale et s’occupait de communiquer avec le chercheur local et les chefs des différentes unités. « Ce projet de recherche a résulté en un maillage inhabituel de directions, mais le grand effort de concertation a permis au projet de bien fonctionner », ajoute Anik Nolet.

Le rapport de recherche a récemment été mis en ligne par le chercheur principal, Nicholas Brousseau, sur le site Web de l’INSPQ. Il y fait état des constats révélés par cette étude et il affirme notamment la séroprévalence chez les travailleurs de la santé était plus élevée à Montréal (14 %) qu’en région (3 %) où la COVID-19 a été moins foudroyante lors de la première vague. Séroprévalence Séroprévalence Nombre d’individus chez qui on a détecté des anticorps spécifiques à un agent pathogène responsable d’une maladie infectieuse, dans une population donnée et pendant une période de temps déterminée ou à un moment particulier de cette période de temps déterminée. (Office québécois de la langue française, 2008) Séroconversion Conversion de l’état séronégatif d’un individu à celui de séropositif, par la production d’anticorps spécifiques à un antigène donné, et qui est déclenchée par une infection ou une immunisation.  (Office québécois de la langue française, 2008) Petit séro-lexique


Pour plus d’information

Les résultats de ce projet de recherche sont accessibles sur le site de l’INSPQ : inspq.qc.ca

Étude EnCORE : combien d’enfants ont eu la COVID-19 ?

Comprendre la transmission de la COVID-19 chez les jeunes : c’est le défi que s’est donné une équipe de chercheurs dont fait partie Kate Zinszer, chercheuse au Centre de recherche en santé publique (CReSP) et professeure adjointe à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Ils ont démarré récemment une étude de séroprévalence pour estimer combien d’enfants ont été infectés par la COVID-19 afin d’avoir une idée de l’ampleur de la transmission du virus dans la communauté : « Actuellement, on connaît le nombre de cas symptomatiques testés positifs, mais pas le nombre d’enfants asymptomatiques qui n’ont pas été testés. Grâce à l’étude appelée EnCORE, nous pourrons préciser quelle proportion des enfants a développé des anticorps et mieux comprendre les tendances de propagation du virus », explique Kate Zinszer.

Le projet, soutenu financièrement par le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 du Canada, se décline en deux volets. Le premier consiste à estimer la séroprévalence chez les enfants selon les groupes d’âge et selon les milieux de vie. Le deuxième volet évalue l’impact de la pandémie sur la santé mentale des enfants.

Estimer la séroprévalence

D’abord, l’équipe a identifié au hasard des garderies, des écoles primaires et secondaires dans quatre secteurs de Montréal (Beaconsfield, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, MontréalNord et le Plateau Mont-Royal) où tous les parents d’enfants âgés de 2 et 17 ans ont été invités à participer à l’étude. Les participants remplissent d’abord un questionnaire et prélèvent un échantillon de sang de leur enfant avec un dispositif semblable à un glucomètre. Le sang est analysé en laboratoire afin de déterminer si des anticorps contre la COVID-19 sont présents dans le sang de l’enfant.

Évaluer l’impact

Le questionnaire rempli par les parents permet quant à lui d’évaluer comment les enfants vivent les changements causés par la pandémie, d’identifier les jeunes qui auraient besoin de soutien et de faire un arrimage avec les services offerts dans les écoles ou dans les établissements de santé et services sociaux.

L’équipe a réalisé quelque 1000 tests en date du 20 décembre et compte les refaire en juin 2021. La comparaison entre les deux lots de données permettra aux chercheurs d’identifier les tendances de séroconversion de COVID-19, selon l’âge et les milieux, et de déterminer s’il existe des indicateurs prédisant que certains enfants sont plus à risque de séroconversion que d’autres. La comparaison sera aussi utile pour estimer la prévalence des troubles mentaux et émotionnels chez les enfants dans un contexte de pandémie.

À terme, Kate Zinszer voit ce projet comme une mine d’or d’informations pour la santé publique : « Les résultats de l’étude vont permettre de comprendre comment se fait la transmission du virus chez les enfants et d’orienter les prises de décisions concernant les mesures de protection à adopter dans les écoles, les quartiers, etc. Ça permettra aussi de voir concrètement si les mesures imposées actuellement ont une incidence sur la transmission de COVID-19. On espère pouvoir contribuer à réduire le risque de transmission chez les enfants. »

Pour plus d’information

 www.etudencore.ca

Soutenir la prise de décision

Une veille COVID-19 et des réponses fiables à vos questions

Au printemps 2020, au coeur de la crise de COVID-19, la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche (DEUR) a mobilisé ses forces en mettant sur pied une veille informationnelle et scientifique favorisant l’accès aux savoirs en contexte de pandémie. Cette initiative s’est déclinée en deux volets : la création d’un portail Web de veille ouvert au grand public et la mise en place d’un service de Questions|Réponses pour le personnel du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL). Ces services ont été rendus possibles grâce à une équipe multidisciplinaire de professionnels, de bibliothécaires et de techniciens en documentation de la DEUR.


Pour plus d’information

Abonnez-vous aux mises à jour quotidiennes de la veille informationnelle : http://veille.ccsmtl-biblio.ca

Le portail de veille scientifique et informationnelle COVID-19

Le portail Web de la veille scientifique et informationnelle la COVID-19 vise à rendre disponibles rapidement les informations pertinentes et à jour en fonction des nombreux besoins identifiés en contexte de pandémie et de confinement. La veille aborde plusieurs thèmes liés à la crise sociosanitaire et à ses impacts sur la santé publique, la population et les travailleurs de la santé et des services sociaux. Le portail de la veille comprend aussi des productions scientifiques liées aux désignations universitaires du CCSMTL.

Le portail a été développé et mis en ligne en un peu plus d’une semaine. Karine Bélanger, bibliothécaire au Centre québécois de documentation en toxicomanie de l’Institut universitaire sur les dépendances, est fière du travail accompli par l’équipe en si peu de temps : « Ça a été beaucoup de travail, un peu stressant au départ, mais on s’est vite adapté et le résultat est positif. Ça nous a permis de découvrir de nouveaux outils et, surtout, ça a permis à l’équipe des bibliothèques de se rapprocher. On communique maintenant beaucoup plus qu’avant. »

Améliorations continues

Dans les semaines qui ont suivi sa mise en ligne, la veille COVID-19 a continué d’être bonifiée. De nouvelles thématiques et la possibilité de s’abonner par courriel ont par exemple été ajoutées. La thématique Santé publique a été un ajout important sur le site : « L’équipe documentaire a travaillé en étroite collaboration avec la DRSP pour la développer. La DEUR a aidé la DRSP à se structurer et à s’outiller pour trouver des informations stratégiques en santé publique. C’est un ajout très intéressant à la veille qui a rejoint beaucoup de gens, même le grand public », se réjouit Muriel Guériton. En date du début décembre 2020, le portail de veille a reçu près de 5 000 visiteurs uniques et contient 11 840 références dont 52 % proviennent de revues scientifiques et 48 % sont issues de documents variés (écrits et audiovisuels). L’intérêt pour la veille COVID-19 n’a pas cessé depuis sa mise en ligne et elle continue d’être mise à jour en continu.

Le service de Questions|Réponses COVID-19

Le service de Questions|Réponses (Q|R) a été créé en avril 2020 dans le but de répondre aux interrogations des gestionnaires, médecins et professionnels de la santé et des services sociaux du CCSMTL concernant la gestion de la crise socio-sanitaire. La procédure était simple : une équipe du CCSMTL qui avait besoin d’information pour ajuster ses soins et services en contexte de pandémie n’avait qu’à poser ses questions à l’aide d’un formulaire. Une fois la demande reçue, l’équipe du service Q|R démarrait la machine : rédiger une réponse basée sur les données probantes les plus récentes à l’aide d’une recherche documentaire ou concocter une liste de références triées sur le volet, tout ça, dans un court délai de trois jours ouvrables.

(Très) vite fait, et (très) bien fait!

La vitesse de production était l’un des points forts de ce service, mais ce ne fut pas de tout repos, comme le souligne Akram Djouini, agent de planification, de programmation et de recherche dans l’Unité d’évaluation des technologies et modes d’intervention (UETMI), qui a contribué à la rédaction de plusieurs réponses : « Ça a été un défi de tout faire en 72 heures, surtout pour quelqu’un qui est habitué de travailler sur des projets d’envergure pendant plusieurs mois. Nous avons dû adapter nos stratégies pour réussir à faire en une journée ce qui aurait pu normalement prendre des semaines, sans négliger la rigueur et la transparence de la méthode afin de fournir des réponses de qualité. »

Le service Q|R a été actif pendant toute la première vague de COVID-19 et il a répondu à 26 demandes au total. Les questions ont abordé un éventail de sujets différents, allant des enjeux du télétravail jusqu’à l’évaluation de l’efficacité de la bioluminescence de l’adénosine triphosphate! Ces réponses ont permis de soutenir de nombreuses décisions dans plusieurs directions comme la Direction approvisionnement et logistique. En misant sur les compétences en recherche documentaire et en analyse scientifique des membres de la DEUR, le service Q|R a répondu efficacement aux besoins du terrain : «Nous nous sommes vraiment sentis utiles, dans les circonstances, parce qu’on a pu utiliser nos forces en tant que professionnel pour apporter quelque chose de concret aux gens au cœur de l’action », conclut Akram Djouini.

Les employés de la DEUR en renfort!

Formation et recrutement d’un millier de PAB en CHSLD

D‘avril à juillet 2020, une équipe multi-directions, la cellule Formation et intégration, menée par Frédérique Laurier, directrice adjointe à la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche (DEUR), a organisé la formation de tout le personnel en renfort dans les CHSLD ainsi que le recrutement et les stages de près d’un millier de préposés aux bénéficiaires (PAB) inscrits au programme gouvernemental accéléré : un mandat crucial et titanesque accompli en un temps record.

Sept jours sur sept, de 7 h à 21 h, cette équipe gérait les multiples formations dispensées à tous les nouveaux renforts, notamment les « Aides de services SAPA », les « Assistants PAB » et les infirmières. Elle était en communication constante avec la Cellule de crise COVID du CCSMTL, la Direction du soutien à l’autonomie des personnes âgées (SAPA), la Direction des soins infirmiers (DSI) et la Direction des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques (DRHCAJ).

Partenariats

De plus, afin d’accroître la capacité des formations, des partenariats ont été conclus avec des cégeps afin d’offrir la formation théorique pour que les équipes du CCSMTL puissent mettre leurs efforts sur l’intégration de ces renforts dans les milieux cliniques. En effet, accueillir et guider 1939 nouveaux collègues en quelques semaines était un défi de taille pour les équipes en CHSLD.

Recrutement téléphonique

En parallèle de son mandat principal, et avec le soutien de 72 employés de la DEUR, cette équipe a coordonné et participé activement à la sélection téléphonique des 936 futurs PAB du CCSMTL parmi 2 118 candidats, et ce en 6 jours, dans le cadre du grand recrutement provincial des 10 000 PAB pour les CHSLD. Elle a par la suite vu à l’intégration en stage de ces étudiants. Pour ce faire, cette équipe multi-talentueuse a notamment créé des capsules vidéos en ligne pour outiller les « PAB-Parrain » dans leur rôle de mentor auprès de ces nouveaux venus.

Formation en biosécurité

La Cellule de crise COVID du CCSMTL a également sollicité cette équipe pour soutenir le développement et la coordination d’une formation en biosécurité sur les parcours en CHSLD. Cette formation unique et accréditée par la Direction du développement continu de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal a été développée et offerte en 2 semaines. À ce jour, plus de 200 intervenants de la grande région montréalaise l’ont suivie.

D’une redoutable efficacité, la contribution de ces employés de la DEUR à l’intégration des renforts en CHSLD est majeure. Travailleurs essentiels à leur manière, leurs réalisations auront eu un impact direct sur la qualité des soins aux personnes âgées, si vulnérables en ces temps de pandémie.

Janette Bertrand : petite histoire d’un grand succès

Le projet Écrire sa vie! mené par le programme AvantÂge de l’IUGM avec Janette Bertrand aura été une des initiatives marquantes de la première vague de la COVID-19. Cette série de capsules en ligne a accompagné les aînés de partout au Québec dans l’écriture de leur autobiographie. « Nous avons eu la chance de travailler de près avec Mme Bertrand et d’inciter les aînés à profiter du confinement pour raconter leur vie. Écrire sa vie! est un projet stimulant, rassembleur et il contribue à briser l’isolement », témoigne Maude Sussest, chargée de projets dans l’équipe de Diffusion des connaissances de la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche.

Écrire sa vie!, c’est 17 capsules, un quart de million de vues sur YouTube, 8 émissions à MaTV et un des projets significatifs de la pandémie reconnus par le Musée de la civilisation de Québec.

Plus de 600 biographies ont été envoyées à Janette Bertrand par l’entremise d’AvantÂge.

Les experts de gestion de données en renfort!

Cinq techniciens en documentation ont offert du renfort pour la saisie de données de la Direction régionale de santé publique, un élément central des enquêtes épidémiologiques. Les atouts de ces spécialistes de la gestion de données? Leur grande attention aux détails, leur capacité de concentration élevée et leurs compétences bureautiques éprouvées. Yan Trussart (Centre de documentation sur les inégalités sociales) raconte que le travail de ses collègues obtenait la pleine confiance des supérieurs. « Ils ne surveillaient plus nos entrées de données, car on n’oubliait aucun détail! »

De son côté, Zoé Montpetit (Bibliothèques en déficience physique) se souvient s’être sentie très utile au début de la crise, quand les cas dépassaient les capacités de l’équipe en place. Par ailleurs, à force de saisir des informations sur les nouveaux cas positifs, elle s’est sentie affectée psychologiquement par l’ampleur de la crise. « Disons que j’étais très sensibilisée aux répercussions sérieuses de la COVID… », confie-t-elle sobrement.

Elle retire tout de même un sentiment positif de son expérience, et se réjouit même d’avoir pu présenter les services des 10 bibliothèques et centres de documentation du CCSMTL à ses nouveaux collègues temporaires, ou plutôt « ses futurs clients » quand la situation le permettra à nouveau, espère-t-elle.

L’IURDPM a soutenu activement les activités cliniques en réadaptation

Les employés de l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM) ont soutenu massivement les activités cliniques de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal (IRGLM) pour structurer la mise en place de l’offre de service des aidants (palliant ainsi l’interdiction de visite des bénévoles et des familles). Définir les tâches et les mandats de chacun, coacher le personnel réaffecté, veiller au bon fonctionnement quotidien… ils ont fait une différence dans la qualité de vie des résidents. Et durant les 5 mois de leur soutien « sur le terrain », ils ont continué de soutenir les activités de recherche. L’un d’entre eux témoigne de son expérience.

Frédéric Messier est agent de planification, de programmation et de recherche (APPR) à l’IURDPM. Dans son poste habituel, il coordonne de nombreux projets novateurs en collaboration avec les chercheurs et des cliniciens de l’IRGLM. Mais son quotidien a basculé en mars 2020, alors qu’avec de nombreux collègues, il a été appelé à prêter main-forte aux équipes cliniques de l’IRGLM.

Énergique, polyvalent et dévoué, Frédéric a cumulé les rôles pendant son délestage. Il s’est notamment retrouvé au sein des équipes ad hoc d’intervenants et de gestionnaires qui ont tenu compagnie aux patients, qui ont organisé des formations d’« aide PAB» et qui ont mis en place la nouvelle buanderie fonctionnelle sept jours par semaine pour le lavage des 1200 blouses utilisées quotidiennement par le personnel.

« J’ai vécu une expérience atypique et enrichissante d’un point de vue professionnel et personnel. C’était une occasion de croissance et de solidarité unique à vivre. J’ai pu travailler aux côtés de préposés, d’intervenants et de chefs dévoués qui se sont adaptés à des situations difficiles avec humilité et une grande générosité », témoigne Frédéric avec émotion. « L’année a été difficile, mais j’ai eu le bonheur de voir le meilleur de l’être humain, partout autour de moi. »

Vos signets pour aller plus loin!

Les équipes des désignations universitaires ont mis sur pied des initiatives importantes pour mieux rejoindre, informer et sensibiliser leurs clientèles aux réalités de la COVID-19, chacune dans leur domaine.

Équipe de production

Rédacteurs en chef invités
 

Annie-Kim Gilbert, directrice, Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche (DEUR)

Jacques Couillard, président-directeur général adjoint, CCSMTL

Comité de direction DEUR

Annie-Kim Gilbert, directrice, DEUR

Marise Guindon, directrice adjointe, Recherche, développement et transfert des connaissances, DEUR

Frédérique Laurier, directrice adjointe, Enseignement, UETMI et diffusion des connaissances, DEUR

Coordonnatrice de projet

Geneviève Desrosiers, agente de planification, de programmation et de recherche (APPR) en diffusion des connaissances, DEUR

Rédactrices

Chatel Lamarche, APPR en diffusion des connaissances, DEUR

Maude Sussest, APPR en diffusion des connaissances, DEUR

Collaborateurs au contenu

Les projets et initiatives présentés dans ce numéro ont été tirés du document « Recueil des initiatives et des productions scientifiques » réalisées par les instituts universitaires, le centre affilié universitaire ainsi que les centres de recherche du CCSMTL entre mars et juillet 2020. Ce recueil est accessible en ligne : http://veille.ccsmtl-biblio.ca. 

Les personnes suivantes y ont collaboré :

Geneviève Baril, cheffe de service, IURDPM

Martine Bouchard, cheffe de service, IUJD

Brigitte Filion, adjointe à la direction scientifique, CRIR

Véronique Landry, cheffe de service, IUD

Denis Leclerc, chef de service, CRIUGM

Daphné Morin, cheffe de service, CREMIS

Claudie Rodrigue, APPR, Direction régionale de la santé publique

Vanessa Simic, cheffe de service, CReSP

Lucie Trudel (coordination), APPR, direction adjointe Recherche, développement et transfert des connaissances, DEUR

Production Web

Aurélie Bony, technicienne en communication, DEUR

Marie-Pier Gagné, technicienne en communication, DEUR

Dernière mise à jour: 2022-06-22