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Mutilation génitale féminine : respect et équité dans les soins de santé

Article tiré du Bulletin MU360 | Traumas physiques, psychologiques et détressepublié par la Direction de l'enseignement universitaire et de la recherche en février 2022.

Excision, infibulation, reconstruction clitoridienne… En plus d’être tabous et porteurs de stigma, ces mots représentent des expériences traumatisantes pour plusieurs femmes à travers le monde, dont des Québécoises, des Canadiennes, ou des femmes sur le point de le devenir. Bien que les mutilations génitales féminines constituent une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes, elles sont encore pratiquées dans de nombreux pays. Les motifs sont complexes et variés : rites de passage, normes sociales, croyances religieuses, esthétiques… Invariablement, ces pratiques renforcent les inégalités de genre et nuisent considérablement, et à plusieurs niveaux, à la santé physique et psychologique de celles qui les subissent.

En contexte d’immigration, ces femmes deviennent davantage vulnérables, notamment parce que ces pratiques sont encore méconnues dans leur pays d’accueil, entraînant une offre de services et de soins de santé non adaptée à leurs besoins spécifiques.

Bilkis Vissandjée est chercheuse principale sur un projet international visant à préciser et à contribuer à la mise en place de bonnes pratiques de soins afin de mieux accompagner celles qui vivent, en contexte d’immigration, avec une mutilation génitale féminine/excision. C’est avec beaucoup d’humanité qu’elle nous dévoile quelques pistes de solution.

Prudence, écoute, accompagnement

Elle appelle d’abord à une grande prudence dans le choix des mots concernant cette pratique. Discuter avec chaque femme permettra de déterminer la meilleure façon, pour elle, d’en parler en toute confiance.

Ensuite, elle insiste sur l’importance d’éviter la récurrence du trauma en s’assurant de mieux saisir l’étendue des conséquences sur la santé et le bien-être des femmes, ainsi que l’ampleur symbolique de ces pratiques. Pour ce faire, l’équipe adopte une posture réflexive pour écouter et comprendre le parcours des femmes.

L’approche de partage entre la Belgique, l’Espagne, la France, la Suède, la Suisse et le Canada est porteuse d’espoir. Ensemble, en se basant sur l’expérience de femmes touchées par une mutilation génitale, les équipes travaillent au développement et à l’implantation d’outils plus efficaces et inclusifs quant à la culture et au genre s’adressant aux professionnels de la santé, dont la création d’une vidéo pilote informative sur la désinfibulation disponible en neuf langues.

L’éducation et la sensibilisation mises en œuvre par ce projet faciliteront certainement l’accompagnement et les soins offerts à ces femmes et à ces filles.

Bilkis Vissandjée est chercheuse au Centre de recherche en santé publique (CReSP) et professeure titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal.