Pertinence et innovation : voilà deux mots qui décrivent bien la 4e édition de la Semaine de la mission universitaire au CCSMTL, qui a eu lieu du 13 au 17 novembre 2023.
Plus de 600 personnes ont assisté à la vingtaine d’événements portant autant sur le développement de pratiques cliniques, que sur les projets de la relève en passant par des analyses et des réflexions sur les questions sociales de l’heure.
Avec une programmation riche et variée et ouverte à tout le réseau, la Semaine de la mission universitaire saura certainement en inspirer plusieurs pour la prochaine édition. Voici quelques échos de cette quatrième édition.
L’organisation des événements de cette édition 2023 a été marquée par une grande collaboration entre les différents instituts et centres de recherche du CCSMTL. Qu’est-ce qui a motivé cette coopération?
La complexité des enjeux sociaux et de santé commande une nouvelle façon d’appréhender les sujets et d’entrevoir des pistes de solution. La Semaine de la mission universitaire 2023 a d’ailleurs été lancée avec un panel sur la recherche collaborative rassemblant des chercheurs et chercheuses de l'IUD, de l'IUJD, de l'IURDPM, du CReSP et du CREMIS, pour discuter des défis, des obstacles et des retombées de l’intégration des cliniciens et des usagers dans un tel processus de recherche.
Au cœur des enjeux de société
Santé numérique, jeunes consommateurs de substances, crise du logement, nouvelle façon de faire la recherche : voilà quelques sujets qui ont été approfondis.
Une table-ronde sur la crise du logement au Québec (Crise du logement à Montréal : mobiliser le réseau pour agir ensemble) a permis d’établir certains constats issus de la recherche et de l’intervention terrain pour ensuite proposer des pistes de solutions. L’objectif était aussi de traiter du rôle de plus en plus grand que peuvent jouer, voire jouent, les professionnel.le.s d’une organisation comme le CCSMTL dans la résolution de ce problème.
Quelques constats :
- Difficultés à trouver du logement abordable (jusqu’à 10 ans d’attente) : des personnes en perte d’autonomie souffrent en silence ou attendent que leur logement soit adapté à leurs besoins;
- Les difficultés à se loger entraînent des difficultés dans la vie en général : grande précarité, itinérance, instabilité résidentielle, diminution de capacité à s’occuper de soi, peu de sentiment d’appartenance, méconnaissance des droits en logement;
- L’itinérance franchit Montréal pour se retrouver ailleurs sur le territoire québécois. Il devient nécessaire de se concerter pour mieux agir car il s’agit « d’une crise du 1er juillet à l’année »;
- Inégalité dans le rapport de force entre propriétaires et locataires : le logement est considéré comme une marchandise alors qu’il s’agit d’un droit;
- Nécessité d’une plus grande collaboration entre divers intervenants pour établir un filet de sécurité autour de la personne sans logement : cette collaboration doit s’appuyer sur la flexibilité, la concertation et la communication entre équipe d’intervention et partenaires;
- S’inspirer d’initiatives (actuelles et passées) comme le Comité du 1er juillet, le Service régional de l’itinérance, Doris, Équinoxe;
- Sortir des immeubles du marché spéculatif.
Des pistes de solutions :
- Poursuivre et accentuer le travail de concertation;
- Injecter davantage de fonds dans des coops d’habitation et des HLM et diminuer les contraintes et critères à l’accessibilité;
- Documenter les problématiques en termes d’impact, d’abordabilité et de salubrité;
- Lancer une vaste consultation publique sur le logement social et participer au développement de politiques publiques;
- Évaluer d’autres modèles de financement tels que décrits dans cette étude récente de la Fédération des OBNL d’Habitation de Montréal (FOHM)
- Miser sur des approches de proximité;
- Poursuivre des recherches pour quantifier les coûts liés à la vie dans un logement insalubre et trop petit.
Une période de questions et commentaires très riches s’en est suivie. Des participant.e.s de divers milieux – santé, municipal, communautaire, architecture – ont notamment discuté de créations d’entreprises immobilières à vocation sociale, de l’évolution probable des coûts de construction et du besoin de documenter les impacts de cette crise sur la santé des gens.
Les conclusions de Jean-Baptiste Leclercq, animateur de la table-ronde
Un autre événement « De Vancouver à Montréal : La (dure) réalité des jeunes consommateurs de substances psychoactives » a traité des parallèles entre les jeunes consommateurs de Vancouver et le contexte montréalais afin de faire avancer la recherche et améliorer les interventions.
Panélistes :
- Danya Fast, anthropologue médicale et professeure adjointe à la Faculté de médecine de l’Université of British Columbia.
- Jonathan Paradis, Intervenant pivot à En marge 12-17, Agent de liaison communautaire sur la structure de soutien Fugues, Sexo, Toxico (FST) de la DPJ du CCSMTL, coordonnateur de la Table d’Action Concertée Montréalaise en Exploitation Sexuelle (TACMES).
- Élise Cournoyer Lemaire, chercheuse post-doctoral à l’Institut universitaire en santé mental Douglas de l’Université McGill, diplômée au doctorat en sciences de la santé – toxicomanie de l’Université de Sherbrooke, aussi de l’IUD.
- Rodney Knight, chercheur au CReSP et à l’IUD, professeur adjoint à l’École de la santé publique de l’Université de Montréal.
Organisé par le CReSP, l’IUD et l’IUJD, la discussion a commencé par les résultats des recherches consignés dans l’ouvrage de Danya Fast The Best Place: Addiction, Intervention, and Living and Dying Young in Vancouver.
Ses travaux sont basés sur l’écoute de jeunes consommateurs. Ils ont permis de relever la présence d’un grand besoin de stabilité chez ces jeunes qui souffrent d’isolement, de marginalisation et d’ennui en attendant que leur vie change. Ils s’identifient à leur communauté de consommateurs pour combler certains besoins socio-affectifs et disent vouloir un « sentiment d’attachement » (sense of place dans l’ouvrage) qui se définit par le désir d’être au centre de quelque chose qui a du potentiel.
En un mot, ils rêvent à leur vie, ont des besoins et des objectifs et veulent les atteindre. Or, la façon dont les interventions et les politiques publiques sont façonnées ne permet pas d’engager une discussion portant sur ces éléments de leur vie, ce qui est pourtant primordial selon la chercheuse.
Jonathan Paradis établit certains parallèles avec la situation montréalaise, reconnaît l’importance de comprendre que leur façon d’entrer en relation ensemble est à travers leur histoire de consommation, ce qui devient interdit comme sujet de discussion dans les refuges et autres places d’accueil. Il voit également chez les jeunes de Montréal le même besoin de normalité, d’un chez soi et aussi, l’importance de les écouter pour transformer les politiques publiques qui les concernent.
Élise Cournoyer Lemaine, quant à elle, relève les similitudes entre les deux groupes : besoin d’être reconnus pour leurs forces et leurs capacités plutôt que pour leur dépendance et leur itinérance; volonté de vivre des émotions et de s’engager dans des passions et non seulement survivre.
La relève sous les projecteurs et le chrono!
Les jeunes de la relève ont montré qu’ils et qu’elles assurent un avenir brillant à la mission universitaire au sein des différents instituts et centres de recherche! D’abord avec le concours de vulgarisation scientifique Ma recherche en 180 secondes, qui met en lumière leur créativité et leur capacité à rendre la science accessible au plus grand nombre. Dix étudiant.e.s ont relevé le difficile défi de résumer leur recherche en trois minutes ou moins! Les lauréat.e.s de cette année sont :
- Prix d'excellence du jury : Emna Fakhfakh (IURDPM / CRIR)
- Prix d'excellence du jury : Laurie Borel (CRIUGM)
- Prix d'excellence du jury : Jonatan Lavoie (CREMIS)
- Prix coup de coeur du public : Nay El Hajj (IURDPM / CRIR)
Les réactions et réflexions des lauréat.e.s après la remise de prix :
« C’est un exercice difficile avec la confection de l’affiche et la préparation de la présentation. Et dans mon cas, j’ai remis ma présentation le 3 novembre et je déposais mon mémoire de maîtrise trois jours plus tard ! » - Emna Fakhfakh
« Il faut soigneusement choisir l’information pour tenir en 180 secondes alors qu’on a tellement à dire sur notre sujet! » - Nay El Hajj
« Plus on maîtrise notre sujet, plus on est capable de vulgariser. Pour ma part, j’ai choisi trois éléments-clés que je comprends bien et que je suis capable de bien expliquer. C’est un très bon entraînement pour comprendre sa recherche. » - Laurie Borel
« C’est un bel exercice pour apprendre à rendre la recherche accessible. Mon projet de recherche est mon propre parcours décliné de manière scientifique… j’aime faire de la recherche qui parle et qui a du sens. » - Jonatan Lavoie
La reconnaissance de l’engagement en enseignement et stage
Les prix Muse soulignant la qualité de la supervision de stage et d’enseignement ont été décernés durant la Semaine de la mission universitaire.
- PRIX INNOVATION - Laurence Villeneuve, psychologue, Direction des programmes SAPA
- PRIX FACILITATEUR EN CHEF - Men Thach, Chef de service, Proximité et déploiement, pôle HND et inventaire, Directions administratives
- PRIX ÉVOLUTION - Marie-Pierre Markon, APPR – Agente de planification, de programmation et de recherche, Direction de la santé publique
- PRIX COLLAB' - Équipe de Marie-Christine Demers, Archiviste médicale, Direction des services professionnels et affaires médicales universitaires
- PRIX RÉVÉLATION - Stéphanie Charbonneau, Agente de relations humaines, Direction des programmes jeunesse
- PRIX ÉTOILE DE LA MISSION UNIVERSITAIRE - Kami Sarimanukoglu, ergothérapeute, Direction des programmes SAPA
- PRIX EFFET RECHERCHE - Sophie Tremblay-Hébert, APPR Chercheuse d’établissement (IUJD, Institut universitaire Jeunes en difficulté), Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche
- PRIX ENSEIGNEMENT MÉDICAL - Amélie Larocque, Médecin, Chargée d’enseignement clinique (GMF-U Verdun), Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche
- GAGNANTE PRIX DU PUBLIC - Jessica Breton, Cheffe de secteur, Direction régionale de la santé publique
À propos
La Semaine de la mission universitaire est organisée par l’équipe Diffusion des connaissances et les instituts et centres de recherche de la Direction de l’enseignement universitaire et de la recherche du CCSMTL. Surveillez les publications pour la prochaine édition, dès la fin de l’été 2024. À ne pas manquer!